Les investisseurs à la recherche d’un placement sécurisé doivent se poser la question : de quelle type de garantie ai-je vraiment besoin ?
Cette question est nécessaire afin de ne pas avoir de fausses espérances. Le risque 0 n’existe pas : l’enjeu pour un investisseur averse au risque ne doit pas être d’éliminer totalement le risque, mais de connaître son exposition au risque.
Examinons 5 placements populaires dans les trésoreries d’entreprise sous l’angle des garanties en capital.
Les titres de créance
Obligation, Neu CP, EMTN… en achetant ces titres, vous devenez créancier de l’émetteur.
Techniquement, le placement est garanti : sa documentation mentionne une date de remboursement et un montant.
Cependant, vous ne récupérez votre capital que si l’émetteur est en mesure de le rembourser à la date prévue. En cas de défaut, vous pouvez supporter une perte : on parle de risque de crédit. Moins l’émetteur est solide, moins la notion de « capital garanti » a du sens…
Un investisseur allergique au risque doit-il pour autant se tourner vers les émetteurs les mieux notés, comme l’État français ? Pas forcément.
L’environnement de taux actuel fait que les obligations les plus sécurisées cotent au-dessus du pair, c’est à dire qu’elles s’échangent au-dessus du prix auquel elles seront remboursées. En pratique, l’investisseur qui achète une obligation à court terme a pour seule garantie… celle d’une perte en capital.
L’État a beau garantir la créance, il ne peut pas assurer à chaque investisseur qu’il retrouvera son prix d’achat !
Même un placement à capital garanti peut présenter un risque de perte en capital…
Les dépôts bancaires
Le dépôt bancaire (qui intègre les dépôts à terme et les comptes à terme) a un statut particulier.
L’investisseur est techniquement un créancier de la banque (son dépôt est au passif de la banque), mais il bénéficie d’une protection supplémentaire : la garantie des dépôts apportée par le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR).
Toutes les banques et établissements de crédit opérant en France sont couverts par sa garantie. La garantie concerne toutes les sommes en compte courant, compte à vue, compte sur livret, compte à terme, PEL, CEL, PEP…
En cas de défaut bancaire, le FGDR rembourse les déposants à hauteur de 100 000 euros maximum et sous 7 jours.
100 000 euros, c’est assez pour un particulier, mais sans doute pas pour une PME.
Un investisseur très sensible à ce risque a tout intérêt à diversifier ses établissements bancaires, ou à investir en titres (obligations ou OPCVM), car en cas de défaut, les titres détenues en compte continuent d’appartenir à l’épargnant.
La faillite d’une banque n’entraîne pas de remise en compte du droit de propriété, de la même manière que la cessation d’activité d’un notaire n’entraîne pas une remise en cause des actes qu’il a signés !
Pour en savoir plus : https://www.garantiedesdepots.fr/
Le fonds en euros d’un contrat de capitalisation ou d’une assurance-vie
Une assurance-vie ou un contrat de capitalisation comporte deux compartiments :
- le fonds en euros, dont la valeur est garantie par l’assureur
- les unités de compte, dont l’assureur ne garantit que la quantité et non la valeur, car elles sont sujettes aux fluctuations des marchés financiers.
Particularité dans l’univers des placements, la somme détenue sur un contrat de capitalisation ou d’assurance-vie est une créance sur l’assureur : c’est ce qui explique le vocabulaire spécifique « souscription » et « rachat » au sujet duquel certains d’entre vous s’interrogeaient peut-être…
En cas de défaut d’un assureur, ce n’est pas le FGDR qui se charge d’indemniser les investisseurs, mais son cousin du monde des assurances : le FGAP. Le montant des garanties s’élève alors à 70 000 euros par contrat.
Encore une fois, c’est un montant peu élevé pour une entreprise ou personne morale. Malgré tout, le fonds en euros est relativement bien rémunéré compte tenu du risque :
- le fonds en euros a rapporté en moyenne 1,80 % en 2017 (jusqu’à 3,68% pour certains contrats),
- le risque est inférieur à celui du risque de crédit « pur » sur l’assureur.
Pour en savoir plus : http://www.fgap.fr/
Les OPCVM monétaires ou obligataires
Un OPCVM n’offre pas de garantie du capital : sa valeur est déterminée par les actifs qui le composent. Offrir une garantie du capital à tout moment, cela signifierait s’engager sur la valeur de marché future de son portefeuille, ce qui est impossible !
Certains fonds obligataires, dits « à échéance », tentent d’offrir une garantie du capital à une date fixée. Cette garantie représente alors un objectif de gestion soumis au risque de crédit, et non un engagement de la société de gestion.
Les produits structurés
Ces produits, dont nous vous avons abondamment parlé dans une série d’articles, offrent en général une garantie conditionnelle du capital à l’échéance. Si les marchés reculent au-delà d’un certain seuil, le capital peut être entamé.
On peut difficilement parler de « capital garanti » pour ces placements, qui sont destinés aux investisseurs capables d’assumer le risque de perte en capital.
En conclusion : quelques conseils pour ménager le risque
- Même si vous pensez êtes totalement averse au risque, vous serez obligé d’accepter une part de risque. Bien identifier les risques que vous acceptez et ceux que vous refusez vous permettra de sélectionner les meilleurs placements pour votre trésorerie.
- Ne négligez pas les effets de l’inflation, surtout à long terme. Savoir son capital garanti à l’euro près est rassurant sur le papier, mais n’assure pas la préservation d’un patrimoine sur le long terme. Lorsque vous souscrivez un placement à capital garanti sur 8 ans, interrogez-vous sur vos réelles intentions derrière ce besoin de garantie. Avez-vous besoin d’une protection comptable (ne pas réaliser de moins-value) ou économique (protéger un patrimoine de l’érosion) ? Il est possible qu’une prise de risque maîtrisée permettant d’espérer compenser l’inflation, correspondent mieux à votre attente. Les SCPI ou les contrats de capitalisation peuvent alors répondre à votre besoin.
- Dans l’environnement de taux actuel, les comptes à terme nous semblent détenir le meilleur rapport rendement/risque pour des placements de trésorerie à court terme.