Le fonds en euros est le support d’investissement à capital garanti proposé dans les contrats d’assurance-vie ou de capitalisation.
Son rendement est versé une fois par an, au début de l’année au titre de l’année précédente.
En ce sens, il ressemble fort à un livret bancaire ou un dépôt à terme. Mais la comparaison s’arrête là.
Un produit spécifique aux assureurs et mutuelles
Contrairement aux autres placements, la rémunération du fonds en euros n’est :
– ni directement liée à l’évolution des marchés financiers, comme cela serait le cas pour un OPCVM
– ni contractuellement définie, comme pour un compte à terme ou un livret.
Le fonds en euros est un produit spécifique aux assureurs et mutuelles. Il correspond à l’actif général de l’assureur, le « pot commun » qui regroupe l’argent des assurés.
Ce portefeuille contient le plus souvent une part majoritaire d’obligations sûres, et une part d’environ 20 % d’actifs de diversification (actions, immobilier…) destinés à apporter un surcroît de performance. Certains fonds en euros ont une tonalité immobilière ou actions très marquée, d’autres sont 100 % obligataires.
Si chaque assureur mène sa propre gestion, il y a toutefois une constante : la gestion est à long terme et prudente. L’assureur y est contraint à la fois par la réglementation, mais aussi parce qu’il s’engage à garantir le capital du fonds en euros.
Le taux du fonds en euros est décidé par l’assureur
Courant janvier, l’assureur décide de la rémunération qu’il verse aux épargnants au titre de l’année écoulée. Son choix dépend des résultats du portefeuille, avec certaines conditions.
Selon le code des assurances, un assureur est tenu de distribuer à ses assurés un minimum de ses bénéfices (on parle de participation aux bénéfices) :
– 85 % des bénéfices financiers (tirés des placements réalisés avec les fonds des souscripteurs)
– 90 % des bénéfices techniques (différence entre les frais de fonctionnements facturés et les frais réels)
Attention : ces chiffres se calculent au niveau de la compagnie d’assurance.
C’est un détail qui a son importance, car un même assureur peut découper son actif général en plusieurs fonds en euros. Il peut ainsi adopter des politiques de rémunération différenciée sur ses fonds en euros, en limitant la rémunération d’un contrat qui n’est plus commercialisé pour « pousser » le produit du moment. Prenez garde !
Les rendements passés : en baisse constante
La rémunération des fonds en euros a connu une baisse quasi continue depuis les années 2000, accompagnant la baisse des rendements obligataires.
De 5,5 % en 2000, le taux moyen du fonds en euros est passé sous les 4 % en 2008, sous les 3 % en 2011, avant de toucher de 1,8 % en 2017.
Avec le temps, les obligations à taux élevés arrivent à échéance et sont remplacées par des obligations aux taux de marché, bien plus faibles.
Compte tenu du mécanisme particulier du fonds en euros, la baisse des taux obligataires se manifeste sur le fonds en euros avec une forte latence. Le fonds en euros a donc permis – et permet encore – de profiter de taux élevés quelques années encore après une baisse des taux : un avantage particulièrement recherché par les investisseurs.
Les réserves : elles garantissent le capital et lissent la performance
Tout le résultat n’est pas distribué : l’assureur peut (et doit) constituer des réserves, ou provisions.
Certaines réserves sont obligatoires pour répondre aux normes prudentielles (l’assureur doit par exemple abonder des provisions en cas de forte moins-value latente pour continuer à garantir le capital).
D’autres sont discrétionnaires et peuvent servir à lisser les rendements versés : c’est le cas de la provision pour participation aux bénéfices (PPB).
Ces provisions appartiennent aux assurés. Cependant, mécanisme assurantiel oblige, les investisseurs qui en bénéficient ne sont pas forcément ceux qui les ont constituées. Autrement dit, si votre rendement est écorné cette année par une constitution importante de provisions, vous ne pouvez pas récupérer votre part de provision en rachetant votre contrat. Elle restera dans le pot commun et profitera à d’autres ! À l’opposé, en versant sur un fonds en euros, vous bénéficiez dès aujourd’hui de provisions constituées par d’autres…
Ce principe de mutualisation des risques, clé de voûte de l’assurance, diffère des autres produits financiers.
Des réserves historiquement élevées… qui finiront bien par être distribuées !
Ces réserves ont cru d’année en année. D’après le cabinet Good Value For Money, elles s’élevaient fin 2017 à près de 9 % des encours, principalement constituées par la fameuse PPB, qui doit être distribuée dans les 8 ans qui suivent sa constitution.
Cette réserve est donc à la fois la ligne de défense contre la hausse des taux (qui serait très bénéfique à long terme pour les rendements, mais pourrait causer des remous à court terme), et un réservoir de valeur important qui peut soutenir le taux en cas de poursuite des taux bas.
Quel avenir pour le taux du fonds en euros ?
En 2018, les rendements sont encore en baisse, mais moins marquée que prévu. Certains assureurs affichent même un taux supérieur à 2017 !
Pour 2019, il est permis d’être optimiste pour trois raisons :
- Les taux longs ont probablement touché leur point bas (le plus bas de l’OAT 10 ans était 0,05 % en 2017, puis 0,60 % en 2018)
- La collecte nette en assurance-vie se porte de plus en plus sur les unités de compte, ce qui évite de trop diluer les portefeuilles assurantiels avec des obligations à taux trop faible
- Enfin, les importantes réserves finiront par être distribuées : que les taux obligataires remontent ou restent à un niveau bas, les fonds en euros « en ont sous le pied » !
Pour les personnes physiques, le fonds en euros est disponible dans tous les contrats d’assurance-vie. Les personnes morales y ont accès grâce à un contrat de capitalisation. Renseignez-vous auprès de votre expert Pandat !