Après un début d’année marqué par un rebond des taux sur toutes les échéances (court, moyen et
long terme), la tendance s’est de nouveau inversée au début du mois de mars.
Fin 2023, le consensus de marché tablait sur le démarrage rapide, dès le mois de mars 2024, d’un
assouplissement monétaire de la part de la Fed et de la BCE. Pour l’ensemble de l’année 2024, 6 à 7
baisses de taux (de 25 points de base chacune) étaient intégrées par les marchés obligataires des
deux côtés de l’Atlantique. Les déclarations des banquiers centraux étaient pourtant plus prudentes :
la Fed évoquait 3 baisses de taux en 2024, la BCE n’avait quant à elle donné aucune indication.
Des marchés désormais au diapason avec les banques centrales
En janvier et février 2024, les investisseurs se sont finalement résolus à ajuster leurs anticipations.
Celles-ci se sont calées sur la communication de la Fed : les marchés n’intègrent plus que 3 baisses de
taux en 2024 de la part des deux banques centrales. Le consensus table désormais sur une première
baisse à l’occasion des réunions du 6 juin côté BCE et du 12 juin côté Fed.
Ces évolutions se sont traduites par une remontée des taux au cours des deux premiers mois de
l’année, par abandon de prévisions jusqu’alors trop optimistes. Nous évoquions ce sujet le mois
dernier, soulignant une hausse des taux comprise entre 30 et 50 points base, selon les échéances, sur
les taux d’emprunt français.
Des marchés à nouveau prêts pour le toboggan de la baisse des taux
Après le faux départ de la fin d’année 2023, les investisseurs se préparent donc de nouveau à un
assouplissement monétaire relativement imminent, à horizon 3 mois. Cette orientation a été
confortée le 1 er mars par un repli des données d’inflation en zone euro, à 2,6% en février contre 2,8%
en janvier. À ceci se sont ajoutées les déclarations de Joachim Nagel (gouverneur de la Bundesbank)
et de François Villeroy de Galhau (gouverneur de la Banque de France) à propos d’une baisse des
taux « de plus en plus probable » en juin.
Nul doute que les investisseurs hésitent encore sur la rapidité et l’ampleur du mouvement à venir.
D’où des mouvements quelque peu incertains sur les marchés obligataires : à titre d’exemple, après
être remonté jusqu’à 3,07% le 29 février, le taux à 2 ans des emprunts d’État français est tombé à
2,80% le 8 mars avant de revenir finalement à 3,01% le 15 mars. Le même mouvement a pu être
observé sur l’OAT 10 ans. Malgré un parcours en dents de scie, la tendance baissière devrait peu à
peu se confirmer à mesure que le temps passera et que les premières baisses de taux « effectives »
se confirmeront.
Encore 3 à 4 baisses de taux attendues en 2025
Au-delà de l’année 2024, les marchés anticipent une poursuite de l’assouplissement monétaire tout
au long de l’année 2025. Au 15 mars 2024, les contrats « forward » sur l’Euribor correspondaient à
un taux de dépôt de la BCE situé autour de 2,3% en décembre 2025. En somme, les marchés
anticipent encore 3 à 4 baisses de taux supplémentaires l’an prochain (de 25 points de base chacune)
après les 3 baisses de l’année 2024.
Les anticipations de marché semblent en réalité exagérément prudentes, car elles n’intègrent plus le
scénario d’un retour du taux de dépôt de la BCE en-dessous du seuil de 2%, et ceci pour les 30
années à venir. Or, il semble probable qu’une accalmie de l’inflation amène la BCE, un jour ou l’autre,
à adopter des taux plus bas. Pour rappel, depuis sa création en 1998, la BCE n’a conservé un taux de
dépôt supérieur à 2% qu’à de rares reprises et pour de courtes périodes : 2000-2001 lors de la bulle
Internet, 2007-2008 avant la crise financière, et depuis 2023 pour contrer l’inflation.
En attendant que le consensus de marché évolue de nouveau, les taux restent encore attractifs sur la
plupart des échéances…