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Les actions européennes peuvent-elles continuer de surperformer les actions américaines ?

Depuis environ 40 ans (c’est-à-dire depuis que les marchés sont fortement corrélés à l’échelle mondiale), le marché américain surperforme presque structurellement le marché européen, à l’inverse de ce qui avait pu se produire sur la période allant de l’après-guerre jusqu’aux années 70.


En particulier, depuis la fin de la grande crise financière de 2008, la norme est plutôt celle d’une surperformance américaine : au cours de ces 16 dernières années, l’Europe n’a surperformé clairement que durant 29 mois, soit environ 2 ans et demi.


Il reste que les phases de surperformance de l’Eurostoxx, mêmes rares, peuvent être puissantes.


Plus récemment, quels ont été les vecteurs de cette sur performance depuis le début décembre ?

  • Une réduction de l’écart de valorisation, qui était au plus haut fin novembre.
  • Une aversion relative au risque (excès de pessimisme sur l’Europe) initialement très dégradée.
  • Des surprises macro-économiques relatives en légère amélioration.
  • Très récemment, un effet « DeepSeek » négatif pour la tech américaine alors que le marché
    américain est plus nettement pondéré sur la tech que le marché européen (42% si l’on intègre Meta,
    Amazon et Alphabet pour le S&P500 contre 14% pour l’eurostoxx).
  • Probablement quelques espoirs sur des catalyseurs exogènes favorables (élections en Allemagne,
    cessez le feu sur la guerre d’Ukraine, quelques initiatives favorables de la Commission Européenne
    comme la boussole de compétitivité, …).


Aujourd’hui, malgré la sur performance européenne de près de 3 mois, il reste un potentiel de « rattrapage » pour les valeurs européennes.


Reste évidemment la question de la menace des droits de douane américains. On se souvient en effet que lors du premier mandat de Trump, l’instauration de droits de douane à l’encontre de l’Europe (sur l’acier et l’aluminium en mars 2018, sur l’aéronautique et l’agro-alimentaire, ainsi que sur divers autres produits en octobre 2019) avait contribué à la sous-performance du marché européen.


Mais aujourd’hui, si les entreprises européennes ont une exposition moyenne de plus de 20% sur les USA, moins de 10% de cette exposition est représentée par des exportations. Rappelons aussi que les droits de douane ne concernent a priori que les biens et non pas les services. N’oublions pas non plus que la baisse de l’euro résultant des mesures protectionnistes américaines aurait un effet haussier sur les BPA européens, ce qui compenserait en partie l’effet négatif des droits de douane Au total, l’impact ne serait pas majeur et concentré sur quelques secteurs.

Et les dernières tensions survenues avec le Mexique et le Canada montrent que D. Trump est prêt à toutes sortes de marchandages allant bien au-delà des concessions commerciales. Le Président américain souhaite des victoires à court terme qu’il peut médiatiser. Offrir des concessions symboliques mais visibles, tout en protégeant en partie ses intérêts stratégiques, est probablement à la portée de l’Europe.


Dans ce cadre, quelques orientations pourraient s’avérer utiles :

  • Augmenter les importations de GNL américain pour réduire sa dépendance à la Russie.
  • Assouplir certaines régulations sur les grandes entreprises technologiques américaines
    (Google, Apple, Meta).
  • Durcir la position européenne vis-à-vis de la Chine, notamment sur les questions de propriété
    intellectuelle et de sécurité technologique.
  • Réduire certains droits de douane sur les produits américains (agriculture, énergie, tech,
    automobile).
  • Annoncer des mesures d’augmentation des budgets militaires.