À l’occasion du sommet de Jackson Hall (22-24 août), Jerome Powell a clairement annoncé qu’il
était temps, pour la Fed, de baisser ses taux directeurs. Cette perspective rebat les cartes sur les
marchés. En Europe comme aux Etats-Unis, les taux courts ont connu un net repli pendant l’été.
La Fed a entamé son cycle d’assouplissement monétaire, en abaissant le 18 septembre les taux de 50 bp. La fourchette des taux directeurs est comprise entre 4 ,75% et 5%. Les marchés tablent sur une baisse supplémentaire de 50 bp d’ici la fin de l’année.
Craintes sur l’emploi américain et baisse de l’inflation
À l’origine de ce revirement de situation : des inquiétudes relatives au marché de l’emploi américain.
Les données publiées le 2 août ont été jugées mauvaises, avec une hausse du chômage à 4,3%
(contre 3,7% en janvier 2024) et des créations d’emplois au plus bas depuis plus de 3 ans. D’où la
réapparition de craintes de récession. L’idée s’est répandue que la Fed aurait maintenu ses taux
directeurs à un niveau trop élevé pendant trop longtemps.
À ceci s’ajoute un retour de l’inflation à un niveau désormais proche de la cible des banques
centrales. Aux Etats-Unis, l’inflation sur 12 mois glissants n’atteint plus que 2,9%, son plus bas niveau
depuis avril 2021. En zone euro, le constat est encore plus net : l’inflation sur 12 mois est tombée à
2,2% en août (1,9% en France), contre 2,6% en juillet. L’objectif de la BCE est donc globalement
atteint. D’où l’anticipation de 2 à 3 baisses des taux directeurs d’ici la fin de l’année en zone euro,
après une première baisse des taux de la BCE survenue le 6 juin dernier.
Les taux s’ajustent sur les marchés obligataires
Ces anticipations contrastent avec celles du printemps : il y a seulement 3 mois, les investisseurs
s’étaient résolus à écarter le scénario d’une baisse rapide des taux des banques centrales, face à une
inflation qui semblait alors avoir du mal à se résorber.
L’inversion de ce sentiment s’est traduite par une baisse notable des taux sur les marchés
obligataires au cours de l’été. Le rendement des obligations d’Etat françaises à 1 an est ainsi
redescendu à 3,0% au 31 août, contre 3,5% au 30 juin. Sur la même période, le taux à 2 ans est
tombé à 2,6% (contre 3,2% au 30 juin), tout comme le taux à 3 ans, tombé à 2,6% contre 3,1%
auparavant. Sur les maturités de plus long terme (10 ans par exemple), les taux ont reculé dans une
moindre mesure.
Cette tendance semble vouée à se poursuivre à mesure que les banques centrales avanceront dans
leur cycle d’assouplissement monétaire. Pour les investisseurs, il reste donc pertinent de sécuriser
des placements à des taux encore intéressants avant que ceux-ci ne poursuivent leur décrue
progressive. Soulignons que la plupart des placements à taux fixes offrent actuellement des
rendements toujours supérieurs au niveau de l’inflation.