Obtenir un rendement annuel situé entre 2 et 3% brut, tout en bénéficiant d’un risque quasi-nul : tel devrait être le profil des fonds monétaires en 2023. Un changement de configuration à prendre en compte dans ses choix d’investissement.
Il y a tout juste un an, dégager un rendement proche de 3% par an nécessitait une prise de risque non négligeable. Ces taux pouvaient être trouvés sur le segment immobilier ou via des fonds obligataires « High Yield », investis en obligations d’entreprises relativement risquées. Les actions pouvaient permettre de dégager des rendements plus élevés, en contrepartie d’un fort risque de perte en capital. Les placements les plus sûrs proposaient quant à eux des rendements compris entre -0,5% et +1% par an. Une situation qui semble désormais lointaine.
Les fonds monétaires, grands bénéficiaires des hausses de taux de la BCE
Depuis le début de l’année 2022, le retour de l’inflation amène les banques centrales à remonter rapidement leurs taux directeurs. Or, en zone euro, le taux de dépôt de la Banque centrale européenne (BCE) dicte les taux de référence du marché monétaire, notamment de l’€STER (taux interbancaire au jour-le-jour), mais aussi de l’Euribor (taux d’emprunt allant de quelques jours à un an). Par conséquent, ils influencent directement les rendements offerts par les fonds monétaires.
Depuis le 27 octobre, le taux de dépôt de la BCE est situé à 1,50% et devrait progresser à 2% ou 2,25% le 15 décembre prochain, toujours dans le but de contrer l’inflation. Sur le marché monétaire, il s’agit d’un véritable renversement de situation : de juin 2014 à juillet 2022, le taux de dépôt de la BCE était négatif, ce qui occasionnait des rendements eux aussi négatifs pour les fonds monétaires, que les investisseurs avaient intérêt à fuir. Auparavant, de juillet 2012 à juin 2014, le taux de dépôt de la BCE était fixé à 0%, amenant déjà les investisseurs à se détourner de ce type de placement.
Vers un rendement proche de 3% en 2023
L’actuel retour en grâce des fonds monétaires semble voué à se poursuivre. Jeudi 24 novembre, Isabel Schnabel, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, s’est exprimée pour souligner la nécessité de poursuivre l’actuel durcissement monétaire jusqu’à ramener l’inflation autour de 2% en zone euro. Le scénario de nouvelles hausses de taux directeurs en 2023 commence donc à remplacer le scénario d’une BCE plus attentiste face au risque de ralentissement économique, voire de récession en zone euro.
Ainsi, le taux de dépôt de la BCE pourrait se rapprocher de 2,5% voire 3% dès le premier trimestre de l’année prochaine, et pourrait même dépasser 3% dans le courant du premier semestre si l’inflation poursuit sa progression et que l’économie européenne ne connaît pas de lourde récession. Rappelons que l’inflation sur 12 mois en zone euro a atteint 10,6% en octobre, ce qui pousse la BCE à agir vite. Après la prochaine réunion du 15 décembre 2022, la BCE fera de nouvelles annonces relatives à ses taux directeurs le 2 février et le 16 mars 2023.
Des placements à très faible risque
Face à ces perspectives de rendement, les investisseurs peuvent légitimement se demander quels risques présentent les fonds monétaires.
Sur l’échelle « SRRI » d’évaluation des risques financiers allant de 1 à 7, les fonds monétaires sont classés au niveau 1, c’est-à-dire le plus faible. Ces fonds sont en effet investis en dettes de court terme émises par des États européens, des établissements financiers ou de grandes entreprises présentant un très faible risque de défaut. Le capital des fonds monétaires n’est pas garanti, contrairement aux fonds en euros accessibles dans les contrats de capitalisation. Néanmoins, depuis que le taux de dépôt de la BCE est repassé en territoire positif, le risque de perte en investissant dans un fonds monétaire s’avère désormais très faible. Les investisseurs ont par ailleurs l’avantage de pouvoir sortir à tout moment de ce type de placement.
Attention toutefois aux frais d’entrée : certaines sociétés de gestion peuvent pratiquer des tarifs prohibitifs en montant jusqu’à 5% de frais d’entrée sur leurs fonds monétaires. D’où l’importance d’être bien conseillé pour identifier des fonds monétaires disposant de frais d’entrée attractifs, pouvant être amortis en seulement quelques mois.