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Financement des entreprises 2014 avec l’AGEFI

Le financement des entreprises par le marché gagne du terrain, les techniques d’optimisation des financements s’affinent et se multiplient, la gestion de trésorerie connaît une transformation rapide tandis que le rôle des banques a déjà commencé sa mutation…
Autant de sujets décortiqués entre les mains expertes des participants de la première édition du Financement des Entreprises organisée le 4 juin dernier par l’AGEFI. L’occasion idéale d’apporter un focus sur les grandes tendances qui renouvellent aujourd’hui profondément la problématique du financement des ETI.

Introduction positive du Directeur Général du Trésor

A travers un discours dense et positif, Mr Fernandez* encense les nombreuses réformes européennes qui ont contribué à lever les incertitudes qui planaient sur la Zone Euro. Réformes à l’incidence moyen / long-terme sur le financement de l’économie, déjà visibles en matière de désintermédiation. Avec des alternatives de financement aujourd’hui diversifiées, le financement des entreprises représente un vrai défi avec en toile de fonds, toujours présent, l’objectif déterminant de la croissance.

Montée des solutions de marché : comment choisir parmi les financements publics ou privés ?

Le financement obligataire, resté longtemps inaccessible pour les entreprises, permet aujourd’hui d’augmenter le financement hors bancaire, ce qui répond à une problématique centrale des entreprises.
Les Euros PP représentent notamment un grand soutien réglementaire et leur accès était une priorité depuis 10 ans. Les clients, autrefois obligés d’aller à l’étranger, bénéficient maintenant de ce support. La charte Euro PP qui est bien accueillie doit encore évoluer afin de simplifier et faciliter le financement obligataire. Pour encourager leur développement, il sera indispensable que les entreprises soient mieux familiarisées (réseaux distribution) et la preuve devra être faite auprès des investisseurs que le risque est maîtrisé (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui).
Notons que le placement privé est très privilégié par les entreprises, car sans doute plus simple et moins lourd que le public. Ce choix de financement relèverait en fait d’un déclic qui s’établit en fonction de l’adéquation de la structure de placement. Alors qu’un investissement privé laisse place à moins de contraintes en termes de communication, une introduction en bourse oblige à ouvrir ses livres au public et à la concurrence. La question de la structuration de l’information se pose alors afin d’être le plus transparent possible sans trop donner d’information à la concurrence, un savant dosage qui a toute son importance.

Comment optimiser le financement des opérations ?

Une dynamique notable est aujourd’hui constatée en matière de valorisation de comptes clients en terme de délais, d’octroi de garantie et de recouvrement des contentieux. Les délais de paiement se sont réduits mais selon les secteurs et le poids de l’entreprise, les décalages ne sont pas les mêmes. Le recours à d’autres moyens de financement que le financement bancaire représente dans ce contexte un enjeu majeur.

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Source : Banque de France

Parce qu’il apporte du financement sur le poste stratégique client et qu’il représente une garantie contre la solvabilité, l’affacturage est en croissance depuis plusieurs années, pour les PME mais aussi pour les ETI. Le factoring, et notamment le factoring dé-consolidant, est un allié essentiel dans la réduction de la dépendance des entreprises au crédit bancaire, à condition qu’un travail pointu impliquant des équipes pluridisciplinaires soit réalisé en amont. Notons tout de même quelques inconvénients : l’assurance est adossée au compte client, les questions liées à la responsabilité en cas de défaut de paiement ou de vis caché.
Cette table ronde a également été l’occasion d’aborder les problématiques de financement export que rencontrent les PME et les ETI, service pour lequel les banques françaises sont un peu moins performantes depuis la crise. Le risque d’impayé étant la première inquiétude des entreprises qui se lancent à l’étranger, il est est essentiel de se couvrir. Sur ce constat, la BPI a mis en place, aux côtés de la Coface, deux produits concernant la mobilisation de créances à l’étranger ainsi que la réinvention du crédit acheteur.

Un cadre de gestion de trésorerie profondément changé

Si la réglementation a tout abord été perçue comme une contrainte, elle est rapidement apparue comme un atout à l’échelle tant nationale qu’internationale. Le format SEPA est une opportunité qui permet de centraliser et de sécuriser les opérations. La tendance est aujourd’hui davantage à la structuration, ce qui facilite beaucoup la gestion de trésorerie. Pour des entreprises dans lesquelles la part de marché se fait essentiellement à l’étranger, un système de gestion de trésorerie uniformisé permet d’aller dans n’importe quelle banque. Le tout est de bien choisir le partenaire bancaire, certains étant mieux implantés que d’autres à travers le monde.
Sur le registre des placements, force est de constater que les taux de rendement sont à la baisse. Il est donc essentiel de toujours plus optimiser sa trésorerie. En parallèle, le fait qu’il y ait de moins en moins de cycles offre une meilleure visibilité. Des produits tels que les obligations court terme permettent d’augmenter le rendement. La question de la liquidité est toujours un enjeu central, d’où l’importance d’assurer une gestion sécuritaire associée à une bonne visibilité du flux client.
Au final, les banques semblent être perçues comme des partenaires de confiance, les mieux placées pour évaluer le risque. Selon le risque présenté par une entreprise, il arrive que la banque décide de financer un projet dans son intégralité ou sinon en partie. Dans tous les cas, il s’agit d’un interlocuteur privilégié et dans le cas d’un financement partiel, d’autres ressources sont aujourd’hui à disposition (Financement en dette, Euro PP, titrisation, crédit inter-entreprises, une assurance-vie réformée).

Les nouveaux enjeux de la relation Etat – banque – Entreprises

Avec la crise, les banques se seraient quelque peu désengagées des grands projets des entreprises et les crédits bancaires deviendraient ainsi plus difficiles à obtenir.
Nous assistons effectivement à une profonde mutation des banques qui endossent de plus en plus le métier d’intégrateur en fournissant des projets clé en main. Quoiqu’il arrive, les banques sont toujours présentes en tant qu’apporteur de solutions financières mais elles accompagnent dorénavant leurs clients sur le chemin de la désintermédiation. Avec ce rôle central de coordinateur de projet, le risque de marginalisation des banques ne semble donc pas d’actualité au cœur du nouveau paysage qui se dessine.
Enfin, pour mieux répondre aux besoins de financement des entreprises, une épargne longue doit être favorisée par le biais d’une taxation allégée, actuellement plutôt peu incitative. Les banques devront également poursuivre leurs efforts en matière d’accompagnement des entreprises sur le chemin de la désintermédiation. Parce que ce sont les banques qui détiennent le savoir en la matière et qu’elles sont justement les mieux placer, il est de leur ressort de ne pas céder du terrain à l’État qui ne devrait pas avoir à endosser leur rôle.
Note Pandat :
*Depuis juin 2014, Mr Bruno Bézard est désormais le nouveau Directeur Général du Trésor, succédant ainsi à Mr Ramon Fernandez, nouveau Directeur Financier au sein du groupe Orange.