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L’incertitude est désormais levée : Biden a gagné, même si Trump ne semble toujours pas reconnaitre l’inévitable. Dès lors, le changement de politique américaine devrait se concrétiser les prochains mois, après que Joe Biden et Kamala Harris aient pris officiellement leur place respective de Président et Vice-Présidente le 20 janvier 2021. Ce changement semble radical sur le papier, mais quels seront les impacts économiques réels de l’action du duo démocrate à la Maison Blanche ?
On le sait maintenant avec une certitude quasi-entière : Joe Biden est élu 46e président des États-Unis. Après quatre années républicaines, c’est au tour d’un Démocrate de mener la danse.
D’après le programme de Biden, il va dans les premiers mois à la Maison Blanche s’attaquer à 4 priorités : la pandémie covid-19, la crise économique, la justice raciale et le réchauffement climatique.
Mais d’un point de vue global, quels seront les impacts économiques de sa politique au long cours ? Quelles conséquences pour l’Europe et la France ?
DES RELATIONS MOINS TENDUES
Une chose est sûre, avec Biden les relations seront plus détendues au niveau international et en avec l’Europe en particulier. Là où Trump attaquait et tranchait, Biden se montrera probablement plus conciliant et moins directif. Le Président élu aura ainsi à cœur d’éviter une guerre commerciale avec l’Europe.
Cela se matérialisera sans doute par un assouplissement des sanctions commerciales et autres taxes douanières, qui pénalisaient notamment certains secteurs français comme le luxe ou les produits alimentaires (vins et fromages). Néanmoins la mise en application concrète de ces éventuelles mesures reste à se confirmer, d’autant que Biden ne va pas simplement agir sans contreparties. Un exemple : la taxe française sur les services numériques, dite « taxe GAFA », n’est pas appréciée outre-Atlantique, quel que soit le Président.
ÉNERGIE RENOUVELABLE
Biden s’est tout d’abord engagé à signer l’accord de Paris entré en vigueur en 2016 suite à la COP21. Il a la ferme intention d’accélérer le déploiement de technologies propres, en témoigne son plan « Révolution de l’énergie propre et justice environnementale » de 2000 milliards de dollars pour lutter contre le changement climatique. Ce plan comprend des investissements d’infrastructure énergétique et d’accompagnement de transition vers les véhicules électriques.
Du côté des marchés, l’ETF iShares Global Clean Energy (ICLN) a progressé de plus de 80 % cette année, prolongeant ses gains après que des sondages aient montré que l’avance de M. Biden se confirmait.
L’ancien vice-président a également proposé d’interdire la production de pétrole et de gaz sur les terres et les eaux fédérales.
L’énergie paraît donc être le secteur clé dans lequel il est probable que les attentes du marché concernant les élections soient prises en compte. Il s’agissait d’une différence très nette entre les politiques des deux candidats.
LA POLITIQUE FISCALE
Trump est connu pour avoir largement baissé les impôts sur les sociétés lors de son mandat, décision que le marché avait fortement appréciée.
Biden quant à lui a proposé d’augmenter le taux d’imposition des sociétés de 21% à 28% et d’augmenter les impôts sur les revenus étrangers des entreprises américaines, annulant en partie la loi de 2017 sur les réductions d’impôt. Des analystes estiment que les politiques fiscales de Biden pourraient ainsi réduire de 9% les bénéfices du S&P 500.
Mais à moyen terme, ces hausses d’impôts financeront son plan de relance de 7000 milliards de dollars pour l’éducation, la santé, les infrastructures, etc.
Par ailleurs, certains investisseurs s’attendent à des taux d’intérêt bas et à une reprise de la croissance économique pour soutenir les actions, indépendamment de tout changement de politique.
LA POLITIQUE MONÉTAIRE
Les responsables de la Fed ont convenu en août d’une refonte de leur stratégie de définition des politiques qui implique de maintenir les taux d’intérêt bas plus longtemps. Ils ont annoncé en septembre de nouvelles orientations qui définissent trois conditions liées à l’inflation et à l’emploi qui doivent être satisfaites avant d’envisager de relever les taux au-dessus de zéro.
Il n’y a donc guère de raisons d’espérer un changement de politique monétaire, quel que soit le dirigeant de la Fed. Dans les projections de septembre, la plupart des membres s’attendaient à ce que l’économie exige des taux d’intérêt proches de zéro pendant au moins trois ans pour que la banque centrale atteigne son nouvel objectif, qui vise des périodes d’inflation légèrement supérieure à son objectif de 2%.
ZONES TROUBLES : CHINE, INFRASTRUCTURE ET SOINS DE SANTE
Les investisseurs sont plus divisés sur la manière d’interpréter les changements possibles dans les politiques ayant un impact sur le commerce, les dépenses d’infrastructure et les soins de santé.
Certains investisseurs espèrent qu’une plus grande clarté sur la politique commerciale avec la Chine stimulerait les actions de sociétés telles que des fabricants de semi-conducteurs qui dépendent de flux commerciaux fluides. La guerre commerciale de l’administration Trump
avec la Chine a provoqué des fluctuations boursières durant une grande partie de 2018 et 2019 avant que les pays ne concluent un accord de phase un. Joe Biden a indiqué que lui aussi contesterait Pékin dans plusieurs domaines, mais qu’il essaierait de travailler avec ses alliés sur les questions commerciales.
Les démocrates et les républicains ont plaidé ces derniers mois pour une augmentation des dépenses d’infrastructure pour réparer les routes et les ponts du pays, mais la loi n’a toujours pas été adoptée. Les actions de sociétés de matériaux de construction avaient grimpé en 2016 après l’élection de Trump dans l’espoir d’un projet de loi sur les infrastructures, mais ont chuté depuis.
À en croire le plan annoncé, Biden a toutefois promis de gros investissements sur les routes et les ponts, les espaces verts et les systèmes d’eau en passant par les réseaux électriques et le haut débit universel.
Les investisseurs surveillent également de près l’évolution des actions de soins de santé, bien que leurs perspectives restent floues car les changements de politique pourraient rencontrer des obstacles au Congrès. Biden a déclaré qu’il souhaitait développer la loi sur les soins abordables en ajoutant une option publique comme Medicare. Pourtant, beaucoup ne savent pas comment les propositions de Biden affecteront les bénéfices de ces entreprises.
LE RÉSULTAT N’EST PAS ACQUIS
En somme, Biden doit avant tout gérer la crise économique liée au coronavirus même si un vaccin semble être sur le point d’être produit massivement.
Son axe prioritaire sur le changement climatique est une rupture avec son prédécesseur et donne un signal clair et une orientation précise pour plusieurs industries.
Mais au-delà des bonnes intentions et de son plan d’action, le nouveau président des États Unis devra composer avec le Congrès américain, c’est-à-dire la Chambre des représentants et le Sénat, afin de faire passer les lois.
Enfin, la guerre commerciale avec la Chine, renforcée par le comportement et les mesures de Trump, constituera un dossier difficile pour Biden : il devra trouver le bon équilibre entre apaisement et fermeté.