Depuis le précédent Édi’taux publié mi-janvier, les taux courts ont très peu évolué… tandis que les taux longs sont repassés en négatif.
• Eonia : -0,45 % (inchangé)
• Euribor 3 mois : -0,40 % (-1 bp)
• Euribor 6 mois : -0,34 % (inchangé)
• OAT 10 : -0,15 % (-23 bp)
Les obligations jouent le rôle de valeur refuge alors que le monde peine à mesurer l’amplitude du danger représenté par le coronavirus.
Côté actions, la météo reste au beau fixe et les indices actions sont au plus haut historique, portés par de bons résultats et principalement par les GAFAM « sans F » : Microsoft, Amazon, Apple et Google contribuent à eux seuls à 67 % de la hausse du S&P 500 depuis le début de l’année.
La chouette Lagarde vole au-dessus des colombes et des faucons
« Je ne suis ni faucon ni colombe, mon ambition est d’être une chouette, souvent associée à une certaine sagesse » avait déclaré Christine Lagarde en décembre dernier… Chouette qu’elle porte désormais en broche lors des conférences de presse… et qui, on le devine, restera son symbole.
Trois mois après le début de son mandat à la tête de la Banque Centrale Européenne, elle réaffirme sa prise de hauteur vis-à-vis des querelles internes entre les faucons, partisans de l’orthodoxie monétaire et de taux élevés afin de lutter contre le risque inflationniste, et les colombes, qui privilégient la relâche monétaire pour stimuler l’économie.
Pour l’instant, le consensus s’obtient facilement car le relèvement des taux est prématuré. Pour Lagarde, cette pause est bienvenue et lui permet de sereinement lancer le passage en revue des outils utilisés par la BCE afin d’en évaluer les effets, positifs comme négatifs.
La BCE a injecté jusqu’à présent 2700 milliards d’euros sur les marchés, principalement sous forme de rachat d’obligations. Les membres les plus « faucons » de la BCE estiment que ces mesures non conventionnelles n’ont fait que créer des bulles financières et encouragent le laxisme budgétaire des États.
Lagarde souhaite également de redéfinir le mandat de la BCE, en y intégrant la lutte contre le changement climatique, ce qui ne manquera pas de réveiller les clivages, puisque les plus orthodoxes rappellent qu’on ne change pas aussi facilement le mandat d’une telle institution… tandis que certains bruits évoquent même une révision de l’objectif d’inflation, ce qui serait un changement de cap majeur.
Pour les marchés, les incertitudes sur les taux d’intérêt ne concernent donc pas le niveau des taux (attendus stables jusqu’à la fin de l’année), mais les modalités d’arrêt des mesures de soutien, les débats sur l’ajustement du mandat de l’institution, ainsi que les incitations à des relances budgétaires plutôt que monétaires.
La prochaine réunion de la BCE se tiendra le 12 mars 2020.
Aux États-Unis, le statu quo persiste
Outre-Atlantique, c’est également le calme plat sur les taux d’intérêt.
Les interventions fréquentes de la Fed sur le marché du repo (liquidité très court terme) depuis la fin de l’année 2019 témoignent néanmoins de tensions chez certains établissements de crédit. Cette situation, qui s’assimile à un léger Quantitative Easing à très court terme (rachat d’obligations sur le marché pour faire baisser les taux), n’est cependant pas jugée préoccupante par les marchés.
En septembre 2019, Trump exprimait son souhait que la Fed amène son taux à 0 dans le sillage de la politique de la BCE. Jerome Powell avait écarté cette hypothèse en précisant que la Fed privilégierait, en cas de crise, des actions plus ciblées comme le Quantative Easing.
D’après le marché des options, le marché anticipe une baisse de taux directeurs de la Fed d’ici la fin de l’année (avec une probabilité de 80%) ou le statu quo (20%). Malgré les bons fondamentaux de l’économie américaine, la hausse des taux semble exclue du fait de la proximité avec l’élection de fin d’année.
Aucun mouvement n’est attendu lors de la prochaine réunion, programmée le 18 mars.
Aucun mouvement n’est attendu lors de la prochaine réunion, programmée le 18 mars.
Quels produits pour placer la trésorerie ?
Cette stabilité des taux courts présente un avantage : les meilleures solutions ne changent pas, et ne changeront probablement pas en cours d’année !
Les comptes à terme restent le placement le plus pertinent pour la liquidité court terme. L’optimal reste toujours de placer long (5 ans, voire plus) tout en bénéficiant d’une liquidité à 32 ou 91 jours sans pénalité sur le capital.
Pour un horizon plus longs et dans une logique d’investissement plutôt que de placement d’excédent, la « pierre-papier » sous forme de SCPI, d’OPCI ou de SCI continue d’offrir des revenus réguliers bien supérieurs aux taux sans risque, pour peu que l’on accepte évidemment le risque de perte en capital, de variabilité des résultats et l’exposition à l’immobilier commercial.