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Économie : Les États-Unis s’éloignent de l’Europe

Depuis l’élection de Donald Trump, les prévisions divergent des deux côtés de l’Atlantique. Les économistes s’attendent à un niveau d’inflation et de croissance significativement plus élevé aux États-Unis qu’en zone euro. L’impact est notable sur les actions, les taux et les changes.

L’Amérique sera-t-elle « Great Again » en appliquant le nouveau programme de Donald Trump ? Difficile à dire en raison de ses effets a priori contradictoires sur l’économie du pays. Les marchés ont néanmoins d’ores et déjà intégré un scénario relativement précis pour les mois et années à venir.

Une croissance dopée au prix d’un retour de l’inflation

Premier élément de ce scénario : le retour d’une politique « pro-business » aux États-Unis, marquée par l’abaissement des taxes sur les bénéfices d’entreprises. Pour les marchés, ce scénario devrait se traduire par une amélioration des bénéfices par action des entreprises américaines (BPA) et une croissance économique plus forte, même si celle-ci était déjà solide (entre 2 et 3% par an depuis 2022).

Second élément de ce scénario : une inflation plus forte, notamment liée à l’instauration de droits de douane sur les produits provenant de certains pays (Chine notamment). À ceci s’ajoute le projet d’expulser les migrants arrivés illégalement sur le territoire américain, une mesure controversée susceptible de raviver le problème du manque de main d’œuvre aux États-Unis, ce qui se traduirait par une hausse des salaires et donc une hausse des prix.

À l’inverse, l’Europe pourrait être pénalisée dans ses exportations vers les États-Unis, ce qui pourrait limiter sa croissance déjà poussive. Selon les prévisions du FMI publiées en octobre, la croissance de la zone euro devrait atteindre seulement 0,8% en 2024 (contre 2,8% aux États-Unis), puis 1,2% en 2025 (contre 1,5% estimé auparavant par le FMI). Du côté de l’inflation, la zone euro est d’ores et déjà revenue à un niveau proche de la cible de la BCE (autour de 2%) et les perspectives d’un rebond de l’inflation semblent faibles à ce stade.

Quelles conséquences sur les marchés ?

Sur les marchés actions, ces perspectives sont évidemment venues renforcer la dynamique des marchés américains face aux marchés européens. Comme évoqué dans notre article consacré à la sous-performance du CAC 40 en 2024, les marchés américains affichent désormais une hausse d’environ 30% depuis le début de l’année, contre 10% pour la moyenne des marchés européens.

Sur les marchés obligataires, l’écart se creuse entre les taux américains et européens. Sur la plupart des échéances du segment souverain (2, 5, 10 ans), cet écart est désormais d’environ 200 points de base (2%), contre 150 points de base en septembre. Ainsi, quand le taux allemand à 5 ans évolue autour de 2%, son équivalent américain évolue autour de 4%. En cause : la perspective d’une baisse des taux de la Fed plus lente que prévu, alors que la BCE devrait continuer à baisser les siens à un rythme régulier en 2025.

Enfin, cette divergence attendue entre les politiques monétaires a un impact notable sur le marché des changes. Au cours des dernières semaines, le dollar s’est significativement renforcé, faisant tomber la parité euro-dollar à 1,05 USD pour 1 EUR, contre 1,10 en septembre.

Ces tendances pourront se renforcer ou s’inverser au cours des mois et trimestres à venir en fonction des annonces effectuées par la nouvelle administration américaine et des statistiques d’inflation et d’emploi aux États-Unis.