Bien que le « Pacte de Glasgow » ait été jugé décevant par certaines parties prenantes, la COP 26 a été l’occasion de replacer la finance verte au centre de l’attention, avec de fortes ambitions.
130.000 milliards de dollars : c’est le montant colossal désormais associé à la finance verte, dont le but est de soutenir une économie neutre en carbone d’ici 2050. Ce chiffre a été avancé lors de la COP 26 par Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque centrale du Royaume-Uni. Celui-ci est désormais co-président de la « Glasgow Financial Alliance for Net Zero », une initiative de l’ONU visant à rassembler les banques, assureurs et gestionnaires d’actifs autour d’une finance décarbonée.
Un effort concentré sur le crédit bancaire et l’investissement
Ces 130.000 milliards de dollars constituent la somme théorique des crédits bancaires et des investissements ESG (tenant compte de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) qui seront déployés par plus de 450 sociétés issues de 45 pays différents, d’ores et déjà membres de cette alliance. En finançant un nombre grandissant d’entreprises et de projets dont les rejets carbone « nets » seront négatifs (soit par leur activité directement « écologique », soit en participant à des initiatives de dépollution ou de reforestation), ces établissements visent à compenser le financement de projets aux rejets carbone positifs pour disposer d’un bilan neutre en 2050.
Cet objectif très ambitieux, dont on peine à évaluer de nos jours la capacité de réalisation à grande échelle, implique indirectement l’ensemble des entreprises et des investisseurs. Que ce soit en portant des projets « verts » ou en investissant leur trésorerie de manière éthique, les entreprises auront un rôle clé à jouer pour rendre possible l’atteinte de ces objectifs.
Des avancées très concrètes, actuelles ou à venir
Au-delà des grands principes de la COP 26, plusieurs initiatives très concrètes ont déjà été lancées, ou le seront prochainement, pour soutenir la finance verte en Europe. Côté investissement, les labels « éthiques » permettent d’identifier les fonds « socialement responsables » (label ISR depuis 2016 en France, Towards Sustainability depuis 2019 en Belgique…) et les fonds « verts » (label Greenfin depuis 2015 en France) qui investissent dans des entreprises en tenant compte de critères ESG pour soutenir les plus vertueuses d’entre elles. L’Union européenne prépare elle-même un nouvel « écolabel » qui sera décerné aux fonds d’investissement à partir de 2022, et pourrait s’imposer sur l’ensemble du Vieux continent dans les années à venir.
Au niveau bancaire, l’Union européenne travaille également sur de nouvelles règles pour obliger les banques à calculer dès 2024 leur « Green Asset Ratio », autrement dit la part de leurs crédits et investissements associés à des activités respectueuses de l’environnement. Le but : disposer de métriques servant à identifier les établissements les plus vertueux et leur degré d’avancement pour atteindre, à terme, la neutralité carbone. Dans le même esprit, les banques européennes pourraient être obligées d’augmenter leur niveau de fonds propres réglementaires lorsqu’elles financent des activités polluantes (Brown Penalty Factor) et seraient à l’inverse favorisées en finançant des activités « vertes » (Green Supporting Factor). Les entreprises devraient ainsi s’habituer, dans les années à venir, à être interrogées par leur banquier sur les aspects environnementaux de leurs projets lorsqu’elles réaliseront une demande de crédit.