L’inflation a atteint +3,4% en France sur 12 mois, un chiffre au plus haut depuis 13 ans. Dans ce contexte, les placements les plus prudents rapportent souvent moins que l’inflation. Que faire ?
Le constat est le même dans la plupart des pays du monde : depuis le début d’année 2021, l’inflation a fait son grand retour. La France n’y échappe pas, mais fait toutefois partie des pays « qui s’en sortent le mieux » avec « seulement » 3,4% de hausse moyenne des prix sur un an1. À titre de comparaison, en Europe, l’inflation atteint sur la même période 4,9% en zone euro, 5,5% en Espagne, 6% en Allemagne et jusqu’à 9,3% en Lituanie1.
Pour autant, les rendements des placements les plus prudents restent à des niveaux bas, voire négatifs, du fait que la BCE pèse sur les taux d’emprunt pour favoriser la reprise. Ainsi les placements monétaires sont toujours associés à des rendements d’environ -0,5% par an (taux négatifs). Quant aux comptes à terme et aux comptes sur livret, leurs rendements sont certes positifs, mais inférieurs à 1%. Enfin, les contrats de capitalisation, plus rémunérateurs, s’approchent davantage du niveau d’inflation, sans toutefois l’atteindre cette année. Pour les directeurs financiers et les chefs d’entreprises disposant d’une trésorerie excédentaire, la question du « meilleur placement » se pose pour faire face à ce contexte défavorable. Plusieurs choix sont envisageables en fonction de l’horizon de placement de chaque entreprise.
1. « Ne rien changer » en attendant une normalisation de l’inflation
Pour de nombreuses entreprises, il reste pertinent de conserver une part de placements prudents à forte liquidité, en partant de l’idée que l’inflation devrait se résorber à l’avenir. En effet, une part importante de l’inflation est liée au contexte très particulier de l’année 2021, marqué par une politique expansionniste des banques centrales et des pénuries temporaires ayant entraîné des hausses de prix (composants électroniques, métaux, gaz, électricité). Ce contexte est appelé à se normaliser. La BCE estime ainsi que d’ici 2023, l’inflation en zone euro devrait revenir aux alentours de 1,8%. Attention toutefois : dans ses estimations de décembre 2021, la BCE prévoit le maintien d’une inflation encore élevée en 2022, autour de 3,2% en zone euro. Les placements prudents risquent donc à nouveau de ne pas compenser l’érosion monétaire l’an prochain.
2. Se tourner vers des placements plus rémunérateurs à long terme
Pour les entreprises disposant d’un horizon de placement de plusieurs années, il devient donc important d’allouer une partie de leur trésorerie vers des placements aux rendements plus élevés pour contrer les effets de l’inflation. Les SCPI, principalement investies en immobilier de bureau, font partie des solutions les plus pertinentes. Ces produits délivrent toujours des rendements attractifs, supérieurs à 4% brut par an selon les dernières statistiques de l’année 20202. L’immobilier a par ailleurs démontré sa capacité à résister, voire à progresser, dans le contexte de la crise sanitaire. En conservant un rendement proche de 4% par an, les SCPI sont a priori en mesure de compenser l’inflation attendue lors des années à venir.
Une autre stratégie pertinente consiste à introduire une petite part d’actions dans ses placements de trésorerie, toujours dans une optique de long terme. Les marchés actions ont le défaut d’être volatils et donc risqués, mais leur perspectives de croissance à long terme sont supérieures à celles des marchés de taux, et supérieures à l’inflation anticipée.
3. Un choix à éviter : les placements obligataires « classiques »
Quelles que soient les préférences des investisseurs, une solution reste à éviter dans le contexte actuel : celle des OPCVM obligataires. La plupart de ces fonds sont désormais investis dans des titres à faibles rendements, tout en faisant porter à l’investisseur un risque de pertes non négligeable en cas de remontée des taux de marché. Ces placements peuvent donc s’avérer risqués dans un contexte inflationniste, associé à un durcissement des politiques monétaires et une probable remontée des taux directeurs des banques centrales. On notera toutefois que certains segments du marché obligataire ou certaines stratégies de gestion peuvent résister à ce contexte (obligations convertibles, stratégies de gestion en « duration courte » ou « duration négative » notamment). Ces approches spécifiques peuvent rester intéressantes dans une optique de diversification.
1 Indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), source Eurostat : https://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/0/2-17122021-AP-FR.pdf/e8b7917d-b06f-2b08-ecac-e5672efaa058. A noter que l’Insee publie également un indice des prix à la consommation (non harmonisé) indiquant en novembre une inflation de +2,8% sur 12 mois : https://www.insee.fr/fr/statistiques/5895592
2 Rendement annuel moyen des SCPI en 2020 : 4,18% (brut). À cette performance, s’ajoute une progression moyenne de 1,12% du prix des parts liée à la hausse des prix de l’immobilier en 2020. Source : ASPIM, IEIF.