Les assureurs préparent l’après-fonds en euros
« Le monde du fonds en euro roi est terminé ! » déclarait le PDG de Generali France au journal Les Echos début octobre, en annonçant la mise en place de conditions à l’entrée sur le fonds en euros à compter de 2020.
Dans le même quotidien, Sylvain Coriat, membre du comité exécutif d’Allianz France, expliquait que « nous faisons partie de ceux qui pensent que le fonds en euros est le vestige d’un passé révolu, où les taux d’intérêt étaient positifs ». Quelques jours plus tard, Spirica, Suravenir et AXA et bien d’autres accompagnaient le mouvement.
Bientôt des barrières à l’entrée
Pour freiner les souscriptions sur le fonds en euros, les assureurs vont ériger des barrières à l’entrée sur ce produit phare.
Par exemple, Generali demandera que tout nouveau versement sur ses contrats d’assurance-vie soit ventilé au minimum à 60 % sur des unités de compte. Investies sur les marchés financiers et non garanties en capital, les unités de compte sont potentiellement plus rémunératrices que le fonds en euros, mais surtout bien moins coûteuses en fonds propres pour l’assureur puisqu’il n’a pas de garantie à fournir.
Les autres assureurs devraient imposer des contraintes similaires, éventuellement modulées selon le montant du versement. Certains ont également évoqué des frais à l’entrée, mais cette mesure sera difficilement acceptable pour le client dans un contexte de taux bas.
Ces contraintes ne sont pas nouvelles. Elles sont déjà présentes pour les versements sur les fonds en euros « bonifiés » présents dans certains contrats. Elles existent aussi dans les contrats de capitalisation, accessibles sous conditions aux personnes morales et dont peuvent profiter certaines trésoreries.
Mais elles sont une première pour l’épargnant qui se contenait jusque là d’utiliser le fonds en euros comme un support rentable, garanti et sans surprise.
Restreindre la collecte pour protéger les rendements
La mise en place de restrictions pour l’accès au fonds en euros est une mesure juste. Elle bénéficie à l’ensemble des souscripteurs actuels de fonds en euros en évitant la dilution trop rapide des rendements par une collecte opportuniste.
Le rendement doit nécessairement baisser, comme il l’a fait ces 15 dernières années avec la baisse des taux obligataires.
En revanche, le produit n’est pas en danger : les fonds en euros sont de plus en plus diversifiés (en actions et immobilier notamment) et, selon les estimation du cabinet Good Value for Money, les réserves et plus-values latentes des assureurs s’élèvent à près de 10 % de rendement… de quoi bonifier le rendement du fonds en euros pendant des années, même en période de taux bas.
Contrat de capitalisation : comment panacher son allocation ?
Pour obtenir un rendement satisfaisant, il faut répartir son capital entre fonds en euros et unités de compte. Ce qui était autrefois une bonne pratique devient aujourd’hui indispensable.
Reste à choisir la bonne allocation d’actifs… Mais les taux négatifs rendent les vieilles recettes obsolètes. Comment s’en sortir ? Quelles classes d’actifs privilégier ? Actions, obligations, immobilier ? Ce sera l’objet de notre prochain article !
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