Depuis le dernier Édi’taux, les taux courts sont en légère baisse et les taux longs en forte baisse :
- Eonia : -0,36 % (inchangé)
- Euribor 3 mois : -0,32 % (-1 bp)
- Euribor 6 mois : -0,26 % (-3 bp)
- OAT : 0,10 % (-24 bp)
Le contexte économique anxiogène a accentué le repli des investisseurs vers les valeurs refuge, entraînant le rendement des obligations d’État françaises et allemandes vers de nouveaux plus bas. En parallèle, les banques centrales ont coupé court à toute possibilité de hausse des taux directeurs cette année.
Les négociations douanières, facteur d’instabilité à court terme
Chine, Inde, Mexique, Europe, Royaume-Uni… C’est bien l’intégralité des accords de libre-échange que Donald Trump souhaite retravailler. Le ralentissement du commerce mondial qui en sera la conséquence pourrait être le déclencheur de la fin de cycle économique actuel, déjà à bout de souffle. À plus long terme, il peut aussi contraindre les économies à se transformer pour s’adapter aux nouveaux protectionnismes. Cependant, il est tout aussi probable que cette communication agressive se modère d’elle-même dès qu’elle aura des répercussions visibles sur le marché actions, Trump étant soucieux de préserver l’effet richesse de ses concitoyens.
Taux US : un virage à 180 degrés
Depuis quelques mois, la communication de la Réserve Fédérale américaine était plus prudente quant aux perspectives de remontée des taux directeurs. La dernière réunion a officialisé les choses : il n’y aura pas de hausse des taux en 2019.
Il y a seulement 6 mois, le marché anticipait 3 hausses des taux directeurs en 2019… Il anticipe désormais 2 ou 3 baisses des taux ! Ce renversement violent des anticipations amène à s’interroger sur une possible surréaction du marché aux propos de la Fed et/ou sur la volonté de l’institution de soutenir coûte que coûte le marché boursier pour favoriser la réélection de Trump. Fin 2018, Trump reprochait d’ailleurs à Jerome Powell, nouvellement nommé, d’être trop restrictif sur les taux…
Draghi renouvelle sa prescription et ajoute 6 mois de taux négatifs
Même direction en zone euro : lors de sa réunion du 6 juin, la Banque Centrale Européenne a repoussé à « au moins » mi-2020 le premier relèvement de ses taux directeurs, nuls depuis 2012 et en territoire négatif depuis 2014. Ce nouveau calendrier revient à prolonger d’au moins 6 mois le statu quo annoncé précédemment. Autrement dit, Mario Draghi reste au chevet du malade et prolonge son traitement…
L’institution a en parallèle abaissé ses anticipations de croissance et d’inflation pour 2020 et 2021. Le « swap d’inflation 5 ans dans 5 ans », indicateur de marché particulièrement observé par la BCE pour juger de l’efficacité perçue de son action, stagne à 1,3 %, bien en dessous de l’objectif des 2 % que l’institution cherche à atteindre.
Aucun message n’a été donné concernant le successeur de Mario Draghi, dont le mandat se termine en octobre. La BCE a en revanche détaillé le fonctionnement d’un nouveau programme de prêts directs aux banques (TLTRO-III) qui démarrera dès septembre 2019.
Entre septembre 2019 et mars 2021, les banques pourront souscrire au guichet de la BCE des prêts à deux ans à des taux variant de -0,30% à +0,10% selon l’augmentation du volume de crédits que chacune aura distribués à l’économie. Ces prêts servent en partie à refinancer les échéances des TLTRO précédents, et comportent une mesure incitative afin de diriger les crédits vers l’économie réelle plutôt que sur les marchés.
Interrogé sur les renégociations commerciales imposées par les États-Unis, Mario Draghi a jugé que ces dernières remettent en cause « tout l’ordre multilatéral dans lequel nous vivons depuis la Seconde guerre mondiale », ce qui justifiait sa grande prudence sur les taux d’intérêt.
Dix ans après la plus crise financière de 2008, les remèdes pour juguler la crise financière sont toujours en place. Combien d’années faudra-t-il attendre pour que les taux de la zone euro puisse repasser dans le vert ? Tout en rappelant qu’il disposait encore de nombreux dispositifs prêts à être activés en cas d’urgence, Draghi a précisé : « La normalisation est loin, car la situation est loin d’être normale ».
Les emprunteurs en profitent, les placeurs doivent se montrer agiles et imaginatifs
Les entreprises sont souvent davantage emprunteuses que placeuses : la situation de taux bas n’est pas fondamentalement défavorable puisque les marges de crédit restent faibles et les coûts de portage bas.
Mais pour un trésorier structurellement placeur (fondation, holding…), les choses sont bien différentes.
L’épargne de bilan n’est en général pas attractive : les banques, déjà abreuvées de liquidités vont continuer de se financer à taux négatifs à la BCE. Par effet de bord, il est difficile de trouver des produits de marché rémunérateurs. Enfin, les taux d’emprunt faibles se répercutent aussi sur les valorisations des actifs en poussant les prix à la hausse.
Cependant, il ne faut pas abandonner la recherche de placements rémunérateurs !
Quels que soient l’horizon et le risque toléré, il existe encore des solutions compétitives :
- des comptes rémunérés pour des disponibilités au jour le jour
- des comptes à terme pour un rendement supérieur moyennant un préavis de sortie, mais toujours sans risque
- des contrats de capitalisation et des SCPI dans une optique d’investissement patrimonial, avec un risque de perte en capital
Les opportunités existent toujours… mais sont spécifiques à certaines banques : faites le point avec Pandat !
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