Depuis le précédent Éditaux, les taux monétaires remontent très légèrement tout en restant ancrés en territoire négatif :
- Eonia : -0,36 % (+1 bp)
- Euribor 3 mois : -0,31 % (inch)
- Euribor 6 mois : -0,23 % (+1 bp)
Contre toute attente, l’obligation de référence du Trésor français a franchi à la baisse le seuil des 0,60 %, son support depuis plus de 2 ans !
Sur le marché actions, la hausse du mois de janvier a compensé toute la baisse de décembre grâce à un coup de pouce inattendu de Jerome Powell.
La Fed jette l’éponge concernant les hausses de taux
Lors de sa réunion du 30 janvier, la Réserve Fédérale américaine a lancé des signaux apaisants et implicitement guidé vers une stabilité des taux directeurs, avançant que, malgré la forte dynamique économique des États-Unis, des facteurs tels que la modération de l’inflation et les « développements mondiaux » justifient une approche plus « patiente ».
Powell a ajouté que la politique monétaire pourra être modérée en fonction des circonstances économiques, et a laissé la porte ouverte à un nouveau round de Quantitative Easing (rachat massif d’actifs financiers) si besoin.
Un changement de cap qui plaide, comme nous le pressentions dans le dernier Éditaux, pour une pause dans la séquence de remontée rapide des taux directeurs (3 hausses en 2017, 4 hausses en 2018) qui ont porté le taux-cible du FOMC à 2,5 %, son plus haut depuis 2008.
Cet apaisement a bien sûr été applaudi par les marchés actions, qui ont repris tout le terrain cédé en fin d’année… mais en contrepartie d’une perte de crédibilité de la Réserve Fédérale, que l’on peut suspecter de prendre ses décisions sous l’influence du marché boursier et de Donald Trump.
Que reste-t-il alors de la forward guidance, ces indices distillés aux investisseurs afin de les préparer petit à petit aux mouvements à venir et leur éviter une conduite trop brusque ? Pas grand-chose. Comme souvent en période de rupture de cycle haussier ou baissier sur les taux, le marché devient difficile à lire, ce qui augmentera certainement la volatilité lorsque les spéculations commenceront à porter sur la date de la prochaine baisse des taux.
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Mario Draghi obligé de temporiser
La Banque Centrale Européenne doit temporiser pour ne pas préempter la politique du successeur de Draghi et de son Conseil renouvelé. Pour mémoire, le mandat de Draghi s’achève en octobre, mais en sus du Président, 3 membres du comité exécutif sur 6 quitteront leur poste en 2019. Draghi aura été le seul banquier central à ne jamais avoir monté les taux pendant son mandat ! Il doit aujourd’hui éviter de s’engager trop clairement pour éviter de lier les mains de la nouvelle équipe.
Ainsi, si la perspective d’une hausse des taux directeurs après l’été est toujours affichée en façade, la dialectique s’infléchit. La dernière réunion de politique monétaire signalait « des risques baissiers sur les perspectives », la nécessité toujours présente d’un « stimulus monétaire important » et le fait que « la BCE reste prête à utiliser tous les instruments nécessaires » pour atteindre son objectif d’inflation, encore et toujours en deçà de la cible de 2 % (1,4 % en janvier selon Eurostat).
En matière de politique monétaire, l’Europe s’aligne donc sur les États-Unis mais sans avoir reconstitué le potentiel de baisse des taux directeurs, ce qui restreint le levier monétaire aux instruments non conventionnels.
Difficile d’envisager une remontée des taux dans cet environnement !
L’Italie réussit son émission à 30 ans
Même le risque souverain, autrefois bête noire des marchés, semble sous contrôle. L’Italie a surpris le marché en se risquant à une émission obligataire à 30 ans, maturité toujours difficile… qui cependant a rencontré une demande record : 41 milliards demandés pour 8 milliards empruntés, la plus forte demande jamais observée pour une émission italienne !
Oublié l’Italexit, oubliée l’entrée du pays en récession « technique » (deux trimestres consécutifs de contraction)… les investisseurs qui délaissaient le 10 ans italien à 3,6 % il y a quelques mois adorent aujourd’hui le 30 ans à 3,75 % !
Autrement dit, si vous disposez de liquidités à faire fructifier, vous n’êtes pas le seul…
Pour la trésorerie d’entreprise, deux types de solutions :
- des solutions de niche, comme les comptes à terme de banques régionales. Ils permettent d’obtenir des taux positifs et souvent progressifs. Pas de miracle à attendre sur les taux, mais une façon simple de concilier rémunération positive et disponibilité.
- un panachage des placements à court terme, moyen terme et long terme pour rechercher un rendement supérieur en jouant sur la diversification d’actifs faiblement corrélés pour limiter le risque. La construction de tels portefeuilles doit se faire sur-mesure, selon vos contraintes de risque et de liquidité, dans une logique d’investissement et non de placement de liquidités excédentaires.
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