Volatilité anémique sur les taux, diminution des volumes échangés : pas de doute, nous sommes en été !
Les banques centrales ont tout loisir de confirmer leur politique de taux, les investisseurs de s’interroger sur la dette italienne, et les dirigeants américains et chinois de s’affronter par droits de douane interposés !
Taux monétaires
Dépendant directement de la politique de taux de la BCE, les taux monétaires sont restés stables depuis le précédent Éditaux.
- Eonia : -0,36 %
- Euribor 3 mois : -0,32 %
- Euribor 6 mois : -0,27 %
Taux longs
L’obligation souveraine française à 10 ans reste quasiment inchangée, avec un rendement toujours compris entre 0,60% et 0,70% et une volatilité historiquement faible.
La guerre commerciale s’intensifie entre les États-Unis et la Chine
Le thème dominant reste celui des tensions commerciales et des risques qu’elles font peser sur la santé des exportateurs.
Donald Trump a demandé à son administration de concrétiser une nouvelle tranche de taxes douanières, laissant entrevoir un potentiel de 200 Md$ de produits concernés.
Au-delà de l’acier et de l’aluminium qui ont déclenché cette guerre commerciale, les droits de douane renforcés touchent désormais les matériels informatiques, les téléphones, les vêtements…
L’administration Trump envisage également de passer à 25% la surcharge appliqués à certains produits taxés jusqu’à présent à 10%, avec un effet quasi-immédiat (23 août).
Pékin rend coup sur coup, et fait comprendre qu’il dispose lui aussi d’un réservoir important de taxes : automobiles, oléagineux, pétrole…
Cependant, de plus en plus de conseillers politiques chinois déplorent cette escalade, qui marque une régression alors que le pays souhaite affirmer une dynamique d’ouverture plutôt qu’un repli nationaliste.
Une éclaircie toutefois : alors que le front chinois s’embrase, le front NAFTA (accord de libre échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique) s’apaise. Plutôt qu’une fin pure et simple de l’accord telle que brandie par Trump début 2017, les pays acceptent de faire évoluer ponctuellement l’accord, ce qui est de bon augure pour chacun des participants.
BCE : un discours sans surprise pour une trajectoire annoncée
La BCE, lors de sa réunion du 26 juillet, a servi un communiqué sans surprise au cours d’une conférence de presse de courte durée.
L’arrêt des achats obligataires est toujours prévu pour la fin de l’année et les taux directeurs ne devraient pas remonter avant septembre 2019 – au plus tôt.
Le scénario a tellement été détaillé qu’il est totalement anticipé par le marché : une tempête semble peu probable au moment de l’arrêt du programme de rachat d’actifs.
En Italie, le flou politique ne doit pas faire oublier les bons fondamentaux
En Italie, le gouvernement formé par l’alliance entre la Ligue (extrême droite) et le Mouvement Cinq Etoiles (anti-système) entend mettre en place ses mesures économiques et sociales les plus coûteuses en 2019.
En conséquence, les tensions sur la dette persistent. Le taux à 10 ans italien frôle les 3%. Cette situation est inquiétante car l’Italie est en volume le principal émetteur de dette souveraine en Europe : rien à voir avec la Grèce, dont un défaut organisé n’a pas causé de gros dommage aux créanciers !
Quelles seraient les répercussions d’une brutale flambée des taux italiens sur les taux longs du reste de la zone euro ? S’ils réagissent comme ils l’ont fait lors des précédentes crises, les taux de swaps et les taux souverains français partiraient à la baisse, par un phénomène de repli vers la qualité. Le secteur bancaire serait évidemment négativement affecté et cela retarderait probablement la hausse des taux courts.
Cependant, la politique monétaire de la BCE n’est pas pour autant prise en otage par la situation italienne et sait regarder les fondamentaux du pays à long terme.
En effet, même si l’encours de dette italienne peut inquiéter (130 % du PIB, le deuxième plus haut ratio en Europe après la Grèce), le pays dégage un excédent d’épargne et un solde primaire positif.
Autrement dit, l’Italie est peu dépendante des financements extérieurs : 68 % de l’encours de la dette italienne est détenu par des investisseurs italiens.
Les finances publiques de l’Italie sont même plus vertueuses que celles de la France au regard des fameux 3% de déficit public : en 2017, 2,3% de déficit public en Italie, 2,6% en France !
Coté entreprises, encore une bonne saison de résultats
La saison des semestriels s’achève et les résultats d’entreprise, globalement bons, ont confirmé la tendance saine de la croissance malgré une petite déception sur le PIB du 2e trimestre en zone euro.
À moyen terme, la bonne santé des entreprises dépendra de la présence d’investisseurs prêts à refinancer les échéances de dette obligataire, notamment high yield, dans un contexte de liquidité moins abondante.
La Fed déroule un scénario sans surprise
La Réserve Fédérale américaine a confirmé sa vision positive sur l’économie et a implicitement validé les attentes du marché, à savoir deux hausses des taux d’ici la fin de l’année, en septembre et en décembre.
Le taux directeur américain s’établirait ainsi à 2,5% en fin d’année. Justifié par une inflation à la cible de la Fed et un taux de chômage au plus bas historique, cette hausse aplatirait encore la pente de la courbe des taux américains.
Que faire avec la trésorerie ?
Au marché comme au bureau, l’été est en général une période calme.
En attendant le retour de l’agitation, nous réitérons nos conseils proposés dans un précédent article :
- débarrassez-vous des OPCVM monétaires s’il vous en reste,
- affûtez vos prévisions de trésorerie pour placer plus loin sur des comptes à terme,
- envisagez le contrat de capitalisation pour vos excédents à long terme si vous y êtes éligible.
De quoi repartir du bon pied à la rentrée !