La trajectoire des taux de la Fed et de la BCE semblait écrite d’avance en 2025, avec une baisse graduelle anticipée sur l’ensemble de l’année. Sans remettre en cause ce scénario en Europe, l’élection de Donald Trump modifie en profondeur les anticipations aux États-Unis. Que faire dans ce contexte ?
Il aura suffi d’une élection pour rebattre les cartes sur les marchés de taux. Fin septembre, le scénario semblait clair : l’inflation refluant de toute part, les banques centrales semblaient vouées à avancer progressivement dans leur cycle d’assouplissement monétaire, avec des baisses de taux attendues tout au long de l’année 2025. Un mois plus tard, les marchés doutent désormais de ce scénario.
Une remise en cause partielle des baisses de taux aux États-Unis, mais pas en Europe
En cause : le programme de Donald Trump est jugé inflationniste par le marché. Le projet d’une politique migratoire stricte pourrait notamment se traduire par un moindre vivier de main d’œuvre disponible, entraînant une hausse des salaires et des coûts de production. L’actuelle baisse de l’inflation aux États-Unis serait dès lors remise en cause.
Depuis le début du mois d’octobre, les investisseurs ont progressivement anticipé ce scénario et les prévisions relatives à la politique de la Fed se sont ajustées en conséquence. Le 12 novembre, les marchés n’anticipaient plus que 3 baisses de taux de la Fed (75 points de base au total) d’ici décembre 2025, soit deux fois moins qu’estimé en septembre. On notera même l’apparition d’un scénario – très improbable à ce stade – d’arrêt complet des baisses de taux de la Fed d’ici à décembre 2025, avec une probabilité estimée à 1,8% selon le baromètre CME Fedwatch. En conséquence, les taux américains se sont de nouveau tendus : le taux à 2 ans est par exemple remonté à 4,25% au 12 novembre, contre 3,50% fin septembre.
En zone euro, les prévisions de baisses des taux ont en revanche peu évolué. Le programme de Donald Trump serait plutôt de nature à pénaliser la croissance européenne, d’où des anticipations de marché toujours d’actualité en matière de baisse d’inflation et de baisse des taux. Au 12 novembre, le marché prévoyait un taux de dépôt de la BCE à 1,75% fin décembre 2025, contre 3,25% actuellement, soit 6 baisses de taux de 25 points de base chacune (150 points de base au total) attendues au cours des 400 prochains jours. À ce stade, le marché n’anticipe pas d’autres baisses de taux en 2026.
Que faire dans ce contexte ?
Face à une perspective de baisse des taux toujours d’actualité en Europe, les investisseurs à la recherche de sécurité peuvent toujours se tourner vers les produits de taux, dont les dépôts à terme, dont les rendements ont l’avantage d’être supérieurs à l’inflation actuellement. Les fonds monétaires et les fonds crédit à duration courte restent pertinents à court terme.
Plus généralement, les investisseurs peuvent se tourner vers les marchés obligataires à travers des achats de titres en direct ou intermédiés. Les rendements offerts par les marchés obligataires restent substantiels dans la période actuelle et peuvent offrir une prime de rendement face aux solutions bancaires à moyen et long terme.
En Europe, l’immobilier pourrait également être l’un des gagnants de l’année 2025 dans un contexte de baisse progressive des taux. Les SCPI, après avoir subi de fortes baisses de prix au cours des deux dernières années, disposent désormais d’un intéressant potentiel de rebond. Les premiers signes pourraient apparaître dès le début de l’année 2025 avec la publication des chiffres du T4 2024 : affaire à suivre…