Hausse des actions et des taux courts, baisse de l’immobilier et des taux longs : tel est le bilan d’une année 2023 inégale entre les différents segments de marché. Côté conjoncture, l’économie américaine s’est distinguée par son fort dynamisme et l’Europe a évité la récession.
En seulement un an, le monde a bien changé. Fin 2022, le continent européen était plongé dans une crise énergétique préoccupante et une inflation record, de l’ordre de 10% sur 12 mois. Les perspectives pour 2023 s’annonçaient moroses, entre hausse des taux et risque de récession.
La catastrophe n’a toutefois pas eu lieu. Les prix de l’énergie ont considérablement reculé : le gaz est ainsi revenu à 32 euros/MWh fin 2023 sur le marché européen (prix « spot »), après un pic à 342 euros/MWh en août 2022. L’inflation en zone euro est quant à elle revenue à 2,9% sur 12 mois en décembre 2023. Même tendance aux États-Unis, où la hausse des prix à la consommation est revenue à 3,4%, loin de ses sommets de 2022.
Malgré une recrudescence de tensions géopolitique (conflit entre Israël et le Hamas, enlisement de la guerre en Ukraine notamment), les marchés ont donc réussi à voir le verre à moitié plein.
Des marchés actions enthousiastes
Véritable thermomètres de l’économie, les marchés actions ont connu un très solide parcours en 2023, ceci malgré la crise bancaire du mois de mars, aussi puissante qu’éphémère. La disparition soudaine de Silvergate Bank, Silicon Valley Bank, Signature Bank et Credit Suisse n’a pas déclenché de crise systémique et ces événements semblent déjà lointains, preuve que les régulateurs ont appris de la crise de 2008 et savent désormais endiguer les inquiétudes relatives au secteur bancaire.
L’année a surtout été marquée par une nouvelle envolée de la « tech » américaine. Le Nasdaq a bondi de 43,4% sur l’ensemble de l’année, tiré par les GAFAM et quelques autres « stars » de la cote.
Le S&P 500 a quant à lui progressé de 24,2%. En Europe, le Stoxx 600 a gagné 12,7% et le CAC 40 16,5%. Les valeurs dites « de croissance » ont été particulièrement recherchées, mais les valeurs cycliques et défensives ont également suivi un bon parcours.
Des taux en hausse… et en baisse
Les taux sans risque du marché monétaire ont quant à eux progressé sur l’ensemble de l’année, suivant le resserrement monétaire des banques centrales. La BCE a régulièrement monté ses taux directeurs jusqu’en septembre 2023, faisant passer son taux de dépôt de 2,00% fin décembre 2022 à 4,00% fin 2023. Aux États-Unis, le taux directeur de la Fed est passé d’une fourchette de 4,25-4,50% à une fourchette de 5,25-5,50%. La dernière hausse des taux de la Fed a eu lieu en juillet.
Sur les marchés obligataires, les taux de moyen et long terme ont suivi un parcours différent de celui des taux courts, les marchés anticipant désormais une baisse des taux directeurs des banques centrales pour les années à venir, considérant que l’inflation se résorbe plus vite que prévu. À titre d’exemple, le taux de l’OAT française à 10 ans a reculé de 3,11% fin 2022 à 2,56% fin 2023. Même phénomène pour l’OAT 5 ans, dont le rendement est passé de 2,90% à 2,23% et pour l’OAT 3 ans, passée de 2,84% à 2,25%. Cette baisse des taux est surtout intervenue en novembre-décembre, après les nouveaux sommets atteints en octobre.
Immobilier : recul des SCPI
Enfin, du côté des placements en immobilier, l’année 2023 restera celle du repli de nombreuses SCPI dont le prix des parts a été ajusté à la baisse par leur société de gestion. Au total, le site MySCPI référence en France 24 SCPI dont le prix a été ajusté à la baisse en 2023. Ces replis s’échelonnent de -7% à -17%, pour une moyenne de -11%. Soulignons que ce chiffre ne s’applique qu’aux 24 SCPI concernées, et non au total des 215 SCPI référencées fin 2022 par l’ASPIM, la grande majorité de ces véhicules d’investissement n’ayant donc pas connu de baisse des prix.
On notera que les SCPI dont le prix des parts a été ajusté bénéficient, en contrepartie, de taux de rendement désormais plus attractifs, toutes choses égales par ailleurs. La collecte sur ce segment de marché est d’ailleurs restée solide selon les dernières données de France SCPI, qui totalisait une collecte nette de 5 milliards d’euros sur ces produits au cours des 9 premiers mois de l’année, contre une moyenne de 7 milliards d’euros par an sur les cinq exercices précédents.