La perspective d’un assouplissement monétaire en 2024 constitue un solide soutien pour les marchés actions, qui ont repris une tendance haussière depuis novembre après un passage à vide d’avril à octobre. Le CAC 40 progresse vers de nouveaux plus hauts historiques.
L’année 2023 avait démarré en fanfare sur les marchés actions et se termine par un « rallye de fin
d’année » associé à la perspective d’une année 2024 sans nuages noirs à l’horizon.
À la clôture du 15 décembre, le CAC 40 affichait une progression de +17,3% depuis le début de l’année, effaçant ainsi sa mauvaise performance de 2022 (-9,5%). L’indice français fait mieux que la moyenne européenne (+12,2% pour le Stoxx Europe 600), sans rivaliser avec les indices américains, qui bondissent de +22,9% pour le S&P 500 et de +41,5% pour le Nasdaq. Rappelons qu’en 2022, le Nasdaq avait perdu 33% de sa valeur et reste actuellement en-dessous de son pic de 2021.
Les valeurs de croissance, grandes gagnantes de la baisse des taux
Les valeurs ayant le plus bénéficié des tendances haussières cette année sont souvent les valeurs qui avaient le plus souffert en 2022, du fait qu’il s’agit de valeurs sensibles au niveau des taux.
Les valeurs dites « de croissance » en sont la parfaite illustration. Ces sociétés, appartenant à des secteurs aussi variés que la « tech », le luxe ou encore les énergies renouvelables, ont pour point commun de bénéficier d’anticipations de croissance élevées de leur chiffre d’affaires à long terme.
Or, dans les modèles de valorisation utilisés par les analystes financiers (les fameux « DCF »), ces revenus futurs sont actualisés en utilisant un « taux sans risque » correspondant peu ou prou aux taux des obligations souveraines. La hausse des taux de 2022 avait donc fait chuter les valorisations de ces sociétés dans les modèles DCF. À ceci s’ajoutait le sentiment qu’une dégradation de la conjoncture économique risquait de peser sur les perspectives de ces sociétés. Désormais, la baisse des taux, doublée du sentiment que les économies occidentales se dirigent vers un « soft landing », constitue un contexte favorable pour ces sociétés mal-aimées l’an dernier.
Les « GAFAM » affichent ainsi des rebonds spectaculaires cette année, allant de +50% pour Google (Alphabet) à +178% pour Facebook (Meta) en passant par +78% pour Amazon, +52% pour Apple et +54% pour Microsoft (données au 15 décembre). En 2022, Facebook (Meta) avait perdu les deux tiers de sa valeur en raison de craintes spécifiques sur sa croissance.
En France, le rebond est tiré par le secteur phare du luxe et des cosmétiques, avec une progression de +40% pour Hermès et de +33% pour L’Oréal depuis le début de l’année, malgré un « timide » +10% pour LVMH. Les sociétés d’ingénierie, constituant la « tech française », font également partie des plus fortes hausses du CAC 40 depuis le début de l’année avec STMicroelectronics (+42%), Saint-Gobain (+45%), Schneider Electric (+38%), Safran (+38%), Air Liquide (+32%) ou encore Dassault Systèmes (+32%).
Le retour en force des foncières
Également grandes gagnantes de la baisse des taux, les foncières, jusqu’alors malmenées par le Covid puis par la hausse des taux, connaissent un retour en force spectaculaire depuis le début du mois de novembre. La baisse des taux pourrait en effet permettre d’enrayer la mauvaise passe du secteur immobilier, voire laisser place à une revalorisation des actifs immobiliers que les foncières détiennent.
Ainsi Unibail-Rodamco-Westfield affiche une progression de +36% depuis le début de l’année,
entièrement due à un rebond de +59% depuis son point bas du 26 octobre dernier. Même phénomène pour l’indice des foncières européennes (STOXX Europe 600 Real Estate), dont la performance de +13% depuis le début d’année cache un solide rebond de +33% depuis le 26 octobre (données au 15 décembre). On notera que ce retournement de tendance est de bon augure pour la performance des OPCI, qui peuvent détenir une part de foncières cotées.
L’industrie et l’économie « traditionnelle » moins plébiscitées
À l’inverse, les valeurs peu sensibles au niveau des taux affichent globalement une sous-performance face à la moyenne du marché cette année, après leur bonne résistance de 2022. On retrouve ici des secteurs aussi variés que les énergies fossiles, la grande distribution ou la santé, parfois considérés comme « défensifs » sur le plan boursier.
Au sein du CAC 40, les cas emblématiques sont ceux de TotalEnergies (+5% en 2023 après +31% en 2022), Carrefour (+4% en 2023 après -2% en 2022) ou encore Sanofi (-4% en 2023 après +2% en 2022).
À noter que le secteur bancaire tire également son épingle du jeu cette année, bénéficiant d’un contexte de taux plus confortable pour dégager des marges, ainsi que de la bonne résistance de la conjoncture économique. En France, les écarts restent relativement importants entre Crédit Agricole (+31% depuis le début de l’année), BNP Paribas (+18%) et Société Générale (+4%).