Banques centrales, conjoncture économique, marchés financiers, immobilier : à quels sujets
faudra-t-il être attentif au cours des prochains mois ?
Depuis le mois de janvier, c’est un quasi-sans faute pour les marchés financiers. Les actions ont
progressé en moyenne de plus de 10% en Europe (+13% pour le CAC 40), effaçant leur repli de
l’année 2022. Sur les marchés obligataires, les taux se sont globalement stabilisés sur des niveaux
élevés qui offrent désormais un solide moteur de performance, y compris sur les segments « sans
risque ». Ces bonnes tendance devraient encore perdurer, mais certains sujets restent à surveiller.
Banques centrales : des hausses de taux probablement terminées
La politique des banques centrales devrait désormais constituer un soutien pour les marchés. En
effet, après avoir de nouveau relevé ses taux directeurs de 25 points de base le 14 septembre, la BCE
est probablement arrivée au bout de son cycle de durcissement monétaire entamé en juillet 2022.
Le taux de dépôt (dictant la tendance du marché monétaire) est désormais à 4%, tandis que le taux
de refinancement s’élève à 4,5%. Le communiqué de presse publié le 14 septembre par la BCE
souligne que les taux directeurs sont désormais arrivés à un niveau qui devrait permettre à l’inflation
de redescendre progressivement vers son niveau cible d’environ 2%. À noter qu’en août, l’inflation
sur 12 mois en zone euro est redescendue à 5,3%, son plus bas niveau depuis un an et demi. Le
consensus de marché s’attend désormais à une baisse progressive des taux directeurs de la BCE à
partir du milieu d’année prochaine, le taux de dépôt étant attendu autour de 3,5 % fin 2024, puis
autour de 2,5 à 3% fin 2025, ce qui constituerait un soutien pour les valorisations du marché
obligataire et des marchés actions.
Du côté de la Fed, les anticipations de marché penchent également en faveur d’un statu quo au
cours des prochains mois, suivi d’une première baisse des taux en juin 2024 d’après le baromètre
CME FedWatch. Attention toutefois : au cours de l’été, les anticipations avaient brièvement évolué
en faveur d’une hausse supplémentaire des taux de la Fed d’ici la fin de l’année, dans un contexte de
rebond de l’inflation aux États-Unis à 3,7% (contre 3% précédemment). La possibilité d’une dernière
hausse de taux d’ici la fin de l’année n’a pas totalement disparu, bien que ce scénario ne soit pas le
plus probable.
Une croissance qui résiste
Du côté de la croissance économique, les nouvelles sont positives. Les dernières données corrigées
d’Eurostat indiquent que la zone euro a finalement échappé à la récession technique à l’issue du T2
et conserve une croissance de +0,5% face au T2 2022 (rythme annuel) et +0,1% face au T1 2023
(rythme trimestriel). Ces chiffres relativement ternes ne doivent pas faire oublier que la zone euro
est parvenue à sortir sans dommage de la crise de l’énergie dans laquelle elle était encore plongée
en début d’année.
La dynamique reste plus vigoureuse aux États-Unis, où la croissance atteignait toujours +2,1% à
l’issue du T2. Le taux de chômage a toutefois commencé à remonter en août, atteignant désormais
3,8% contre 3,4% en avril. Bien que le mouvement soit peu significatif, cette légère dégradation des
données économiques américaines est à surveiller. En zone euro, le chômage reste à son plus bas
niveau (6,4%) depuis l’apparition de cette statistique en 1998.
Immobilier : le point de vigilance
Enfin, l’immobilier constitue sans doute le principal sujet de préoccupation de cette rentrée 2023
dans un contexte de taux élevés. En France, les prix du segment résidentiel reculent par exemple de
4,5% sur 12 mois à Paris selon MeilleursAgents, sans parler de la baisse notable du prix de certaines
SCPI. Aux États-Unis, le marché fonctionne à deux vitesses : les prix de l’immobilier commercial ont
baissé d’environ 15% depuis leur pic de l’hiver 2022, tandis que sur le segment résidentiel, les prix
ont repris le chemin de la hausse malgré un nombre de transactions relativement faible, envoyant
des signaux contradictoires.
L’immobilier reste surtout un sujet de préoccupation en Chine, le pays étant empêtrée depuis deux
ans dans une situation de suroffre se traduisant par une chute des mises en chantier et la faillite
d’importants promoteurs immobiliers. Les prix de l’immobilier résidentiel chinois font toutefois
preuve de résistance (seulement -0,1% sur les 12 derniers mois), permettant à cette crise de rester
relativement cantonnée, sans impact majeur pour les ménages et le secteur financier.