Pour les investisseurs, la rentrée 2021 comporte de nombreux points communs avec la rentrée 2020, dans un contexte toujours marqué par l’épidémie de Covid-19. L’orientation de la politique monétaire pourrait en revanche commencer à diverger entre l’Europe et les États-Unis.
Le variant Delta du Covid-19 s’invite indéniablement à la première place des sujets de la rentrée. Malgré des campagnes de vaccination désormais bien avancées dans la plupart des pays occidentaux, ayant permis une réduction drastique de la mortalité, les restrictions sanitaires n’ont pas disparu, bien au contraire. La réinstauration au cas par cas de confinements locaux, de couvre-feu, de jauges de fréquentation et de restrictions pour les non-vaccinés laisse craindre un ralentissement de la reprise économique mondiale. Le fait que les pays les plus avancés sur la vaccination (Islande, Israël) aient opté pour de nouvelles mesures de restriction au cours de l’été suggère que la sortie de crise sera plus longue que prévue pour la plupart des autres pays. Les prévisions de croissance du FMI et de l’OCDE, révisées à la hausse au printemps, pourraient être revues à la baisse à la rentrée.
Pour autant, les évolutions du contexte sanitaire ont désormais peu d’influence sur les marchés financiers. Le soutien des États et des banques centrales pour aider les entreprises et salariés affectés par la crise ont coupé court à tout mouvement de panique chez les investisseurs. Sur les marchés actions, les secteurs cycliques (banques, matières premières, automobile) restent toutefois plus sensibles aux mauvaises nouvelles que les valeurs technologiques, qui sont quant à elles plutôt bénéficiaires de l’accélération digitale induite par la crise sanitaire.
La politique de la Fed constitue le second sujet majeur de la rentrée. À l’heure actuelle, la banque centrale américaine maintient ses taux directeurs à des niveaux très bas (entre 0% et 0,25%) pour favoriser la reprise. Cette politique accommodante devrait durer jusqu’en 2023. Toutefois, deux statistiques pourraient obliger la Fed à remonter ses taux plus rapidement que prévu. D’une part, l’inflation américaine connaît une véritable envolée depuis le début de l’année : située autour de 2% par an en temps normal, cette statistique a atteint 5,4% sur 12 mois en juin ainsi qu’en juillet 2021, au plus haut depuis 2008. D’autre part, l’emploi connaît un rétablissement rapide. Au mois de juillet, l’économie américaine a créé 943.000 postes de plus qu’elle n’en a détruits, marquant une nouvelle accélération après les 850.000 créations de postes de juin. Le taux de chômage poursuit ainsi sa décrue, atteignant 5,4% en juillet contre 5,9% en juin. À ce rythme, les États-Unis pourraient retrouver leur taux de chômage d’avant-crise (3,5%) dès la fin d’année.
Reste à savoir si l’actuel dynamisme de l’économie américaine est seulement passager (compensation de l’année 2020), ou si le mouvement est durable et nécessite une politique plus restrictive pour éviter la formation de bulles. Une hausse plus rapide que prévue des taux de la Fed risquerait de peser sur les marchés actions et les marchés obligataires. Les statistiques américaines de l’inflation et de l’emploi seront donc scrutées avec attention en septembre et continueront de donner le ton sur les marchés financiers dans les mois à venir. La réunion de la Fed du 22 septembre pourrait également apporter de nouvelles indications en la matière.
A contrario, la politique de la BCE fait l’objet de spéculations sur le prolongement du « plan d’urgence pandémique » (PEPP) en place depuis mars 2020. La zone euro reste en effet soumise à une inflation modérée et à un chômage relativement élevé, ainsi qu’à des mesures sanitaires plus restrictives qu’aux Etats-Unis. Face à la perspective d’une reprise plus lente que prévue, accompagnée de déficits publics toujours élevés, la BCE devrait annoncer une prolongation du « PEPP » au-delà de mars 2022, date butoir jusqu’alors envisagée pour mettre un terme à sa politique de soutien exceptionnel. La BCE pourrait ainsi continuer à racheter des titres de dettes sur les marchés obligataires pour un montant d’environ 100 milliards d’euros par mois en additionnant les montants du PEPP (près de 80 milliards d’euros par mois) et de l’APP (20 milliards d’euros par mois, correspondant au plan de quantitative easing mis en place avant la crise sanitaire). La confirmation de ce scénario constituerait une bonne nouvelle pour les marchés européens. Les investisseurs seront donc attentifs aux conclusions de la prochaine réunion de la BCE commentées par Christine Lagarde le 9 septembre prochain.